THE WAY OF THE GUN
de Christopher McQuarrie
Avec Benicio Del Toro, Ryan Philippe, James Caan, Juliette Lewis, Geoffrey Lewis
Directeur de la photographie : Dick Pope
Musique fabuleuse de Joe Kraemer
Genre: Le retour de La Horde sauvage
USA - 1h59 - 2000 - Distribué par SND
Sortie le 6/12/2000
Deux hommes (Benicio Del Toro et Ryan Philippe) kidnappent une femme enceinte (Juliette Lewis) dans l’espoir que le père de l’enfant versera une rançon. Seul problème, le bébé était destiné à un riche couple sans scrupule. Ce dernier n’hésite donc pas à envoyer des tueurs pour retrouver la mère porteuse ainsi que les responsables de son enlèvement, désormais cernés dans une impasse de la violence.
The way of influence
Pour son premier film en tant que réalisateur, Christopher McQuarrie, le scénariste de Usual Suspect, lance sur les écrans un authentique coup de maître. Loin de plagier l’univers froid et esthétisant de son acolyte Bryan Singer, il renoue avec les westerns et les polars crépusculaires des années 70 en les transposant à notre époque. S’il en utilise tous les codes/clichés (antihéros immoraux, personnages originaux, intrigue linéaire, final âpre,...), c’est uniquement pour composer un film somme finalement hors du temps.
En effet, quand on voit The Way of the Gun, les images sèches et violentes des œuvres de Sam Peckinpah, Ted Post (pour Pendez les haut et court), Don Siegel, Michael Ritchie avec son sous-estimé Carnage/Prime Cut (Lee Marvin traque Gene Hackman qui a transformé l’un de ses collègues en chair à saucisse. A redécouvrir d’urgence) et même John Carpenter (pour Assaut) trouvent un admirable écho dans ce chantage à la progéniture. La mise en scène directe et ultra maîtrisée (sens du cadre et de l’espace proprement brillant) de McQuarrie, ne cherchant jamais à être virtuose, verse naturellement dans un réalisme parfois très éprouvant (les gunfights sont parmis les plus violents et les mieux filmés qu’on ai vus dans un film américain). L’hommage à La Horde sauvage et à son metteur en scène se dissimule donc plus dans le ton crépusculaire et cynique, d’une noirceur proche du néant, que dans la réalisation. Epoustouflant.
D’autre part, tous les acteurs ont semble-il adhérés au jeu de massacre car tous jouent de leur physique pour provoquer à la fois la sympathie (Détresse et respect. Cf.la scène où James Caan en tueur vieillissant parle avec sa future cible de sa condition sursitaire) et la crainte (rien ni personne ne les arrêteront pour atteindre leur but). Même Ryan Philippe, acteur pourtant souvent fade, dégage un certain charisme dans un registre de flingueur taciturne proche du Snake Plisken de New-York 1997/Los Angeles 2013. Seule Juliette Lewis est susceptible d’énerver avec un rôle, il est vrai, difficile de femme enceinte, toute en démarche de sumo et en respiration haletante.
Une Symphonie de la violence
Enfin dernière chose et pas des moindres: la musique. De mémoire, cela fait une éternité que je n’avais trouvé la B.O. (édition Milan - 62min) d’un film véritablement essentielle à l’atmosphère. Joe Kraemer à tout simplement réussit l’exploit de pondre une composition qui se classe sans mal à la hauteur de celle qui l’a inspiré, à savoir du John Williams type Black Sunday, du John Barry genre Ipcress/Au Service secret de sa majesté, le Lalo Schifrin de L’Inspecteur Harry,...en bref, tous les trésors des années 70. C’est bien simple, la musique, rigide comme une corde à piano, est responsable pour au moins 60% de la complète réussite du film, a véritablement assimiler toutes les influences du sujet, qu’elles soient le Western, le polar ou le film d’aventure. A croire que le CD qui risque de tourner longtemps sur vos lecteurs est une gravure de plomb sur du sable mexicain! Joe Kraemer...une révélation ? Affirmatif.
Si vous regrettez les films de genre, sans concessions, que le cinéma américain nous a donné dans les seventies, ne laissez-passer sous aucun prétexte ce petit bijou qu’est The Way of The Gun (ou parole, je vous force à regarder les derniers John Badham et Rush Hour, le tout en boucle).
Note 5/6
Yann Payback Moreau