LA PLANETE DES
SINGES
(Planet of the Apes)
de
Danny Elfman
(Sony
Classical)
Depuis quelques temps, Danny Elfman avait tendance à
devenir l’ombre de lui même et, du coup, de se contenter de faire le minimum
syndical. Se sont ainsi succédés dans l’indifférence la plus totale et
justifiée «Préjudice», «Un plan Simple», «Family Man»...Seul «L’échange/Proof
of Life» parvenait à maintenir - un peu - en vie, l’espoir de voir ressurgir le
génial musicien de «Darkman» et autres «Batman».
N’étant rarement meilleur que dans le genre
fantastique et qui plus est avec Tim Burton, on attendait avec impatience
l’album du remake cinématographique du classique de Franklin J.Schaffner : «La
Planète des Singes». D’une part, car Danny Elfman devait reprendre le mythique
flambeau de Jerry Goldsmith et d’autre part, car il fallait qu’il (re)prouve sa
capacité créatrice. Et là mes amis, plus de fausses inquiétudes! Si un hommage
à son prédécesseur se fait ressentir de temps à autre, cette B.O. est une des
plus brillantes et originales de son auteur. Jugeons sur pièce avec
l’incroyable morceau d’introduction où s’entrechoquent violemment des
percussions tribales et des notes primitives qui font tout simplement pousser
des poils à vos enceintes. J’ai d’ailleurs du les revendre à un cirque après
les avoir surpris en train de se reproduire avec ma cassette vidéo de «King
Kong 2». En moins d’une minute, vous voilà d’ores et déjà plongé dans l’univers
sombre et sauvage de la Planète. Ne comptez plus que sur votre instinct pour
sortir tranquille de ce terrain dangereux et expérimental, dénué de romantisme
et d’optimisme. Vous n’êtes plus là pour rigoler mais pour survivre. Pour vous
donner une idée de ce que vous allez affronter, remémorez vous l’hallucinante
musique qu’avait signé Alan Silvestri, du temps de son vivant, pour la série
des « Predator ». Cependant, à l’opposé de ce dernier exemple
exemplaire, il serait juste d’avouer que malgré une puissance symphonique
durement et rudement cataclysmique, la dernière création d’Elfman souffre un
peu de son unité de ton. D’où une minuscule lassitude qui nous envahit, à force
de marcher au pas sur le territoire aride des singes, à cinq minutes de la fin
du parcours (s’il on excepte l’abominable chanson finale
techno-feodale-futuriste à la « Beowulf »). Mais que cette légère
fatigue auditive ne vous déroute pas de ce voyage dépaysant et simiesquement
excitant. C’est toute de même plus captivant que « Koh-Lanta »
non ?
Yann Dr.Moreau