COLLECTION
WARNER
(Warner/Aleph
Records)
Amoureux du son seventies, fan de la basse groovie, Warner a pensé à vous en
éditant 19 musiques de films qui proviennent tout droit, par une brèche
temporelle, de la galaxie patte d’eph et veste
marronnasse (oui comme Derrick mais il y a trente ans). Déjà, ouvrons les
festivités avec pas moins de 9 albums du pape de la compo à la « Starsky et Hutch »: Lalo Schifrin. Les achats obligatoires sont: 1) la compil « Dirty
Harry/L’inspecteur Harry » qui résume à elle seule tout le talent du dieu
argentin, à savoir un rythme fou enrobé par un orchestre jazz qui joue « à
la cool » des partoches rock. 2) Bullitt...la
même chose que le disque précédent en ajoutant tous les deux mots
« culte » 3) « Enter the Dragon/Operation
Dragon » qui mixe, en toute classe, influence asiatique et pop
occidentale. Eventuellement, vous pouvez aussi vous la couler douce en
compagnie de « Mannix », flirter avec
« The Fox » (la pub Dim, je crois) et gerber un bon coup sur
l’horrible « Rush Hour » qui donne à penser
que ce cher Lalo ferait mieux de se reposer sur ses immortels lauriers plutôt
que d’y rouler dessus avec une estafette en carton....mais je m’égare.
A part ça, si vous désirez qu’une coupe afro pousse
subitement sur votre crane et, pour les plus Demis Roussos
d’entre vous, sur le torse, plongez vous la tête dans vos enceintes
lorsqu’elles passent la B.O. ultra sympathique de film justement méconnu qu’est
« Cleopatra Jones » (une black maquillée au
bulldozer latte des hommes jusqu’ici virils). Tubes qui feraient lever Adamo de sa tombe, accords électriques bluffant; la musique
de J.J. Johnson est le prototype même des petits bijoux qui accompagnaient (et
rehaussaient bien souvent) les films de la blaxploitation.
Toute une époque à porter d’oreilles.
Enfin, j’ai gardé pour la fin un trésor caché qui
mérite amplement cette superbe exhumation : « Dollars » de Quincy Jones. Et bien mes enfants, je ne sais pas ce qu’y
se tramait dans la vie du citoyen moyen lors des seventies mais pour ce qui est
de Quincy, il devait apparemment se fumer des cônes
de la longueur d’une Fiat (1m09 maxi mais c’est déjà pas mal, non?) tout en
couchant avec Wonder Woman. Car pour pondre un album
aussi énergique, il fallait avoir au moins ça....en plus d’un gros cheque. Le
titre phare « Money » arrache d’ailleurs tellement que mes pieds sont
restés devant la chaîne, dans l’autre pièce de mon appart. Synonyme d’euphorie,
« Dollars » se permet même le luxe de composition audacieuse avec
instrumentions à la bouche, parodie country et détournement ironique d’un orgue
d’église. A mon humble avis: la perle rare.
S’il vous reste encore un semblant de coordination
gestuelle après ça, vous pourrez prendre les quelques « classiques »
que sont l’inquiétant et contemporain « Outland »de
Jerry Goldsmith et le reposant « Paris Texas » de Ry
‘guitare sèche’ Cooder. Pour les autres (Jerry
Fielding, Alex North, Ennio Morricone...quand
même), c’est selon vos porte « money » déjà troués si vous m’avez
écouté!
Yann Moreau