COLLECTION UNIVERSAL

(Universal Jazz)

 

Alors que Warner se décide à sortir quelques uns de ses titres phares US, Universal Jazz poursuit tranquillement son exploration du patrimoine national concernant la musique de film. Sous la direction de Stéphane Lerouge, cette collection, débutée il y a près d’une année (si vous n’avez pas encore acheter « Le Locataire/Tess » de Philippe Sarde, sortez de cette article pour rattraper cette hérésie), s’étoffe donc d’une dizaine de titres, dont certains mythique et quasi introuvables.

Commençons chaudement par « Les valseuses/ Calmos ». On sait que Bertrand Blier est un joyeux provocateur. Que ce soit dans ses dialogues ou ses situations, son œuvre ne cesse de bouleverser avec talent les frontières du bon goût. Il paraît alors normal que le choix des compositions qui accompagnent ses savoureuses idées choque au premier abord. Par voie de conséquences, le Jazz de Stéphane Grappelli allége considérablement le sordide qui pourrait émaner des viols et crimes sortis des « Valseuses ». Le violon enjoué, la note sautillante, la balade sauvage se transforme grâce à la musique et à la volonté du réalisateur en paisible marche picaresque et grivoise. Du coup on se dit que décidément on est bien là, à la fraîche…La seconde partie du disque se compose des morceaux que Georges Delerue créa pour l’incroyable chef d’œuvre heureusement machiste (qui a dit « réaliste » ?) qu’est « Calmos ». Les hommes, usés par la gente féminine, se prennent des vacances à la campagne et on se surprend à croire que la voix en basse chantante de Slam Stewart, inimitable et proche de l’ironie musicale, en soit la plus parfaite incarnation. Aidé par un violoncelle charmeur et alanguis par le temps ensoleillé qui passe au rythme des siestes, Stewart offre à l’auditeur curieux une bonne humeur plus que communicative. La preuve…je commence à bronzer, comme à la plage, uniquement avec la lumière de mon écran d’ordinateur. Vivement que je puisse écrire en dormant.

Pour les autres CD, on peut conseiller les yeux fermés justement, mais sans ronflement excessif, la musique de l’unique film de cinéma de Jean Luc Godard: «Le Mépris». Pour la première fois en version intégrale (une quinzaine de minutes!), il rappelle que Delerue est la cause de la réussite de ce «classique». Car si l’on assimile volontiers les déboires amoureux de B.B. et de Piccoli à une tragédie, la partition se charge de la rendre largement intemporelle. De plus, pour occuper le reste du CD, les B.O. de « Cartouche » ou de « L’Aîné des Ferchaux » ne sont pas les plus mauvaises et finissent de rendre la galette argentée quasiment indispensable.

Pour finir, sachez que vous pouvez traverser les magnifiques plages crépusculaires sous le «Soleil Rouge» de Maurice Jarre, rencontrer le machiavélo-burlesque « Fantômas » de Michel Magne ou finir d’être le fan ultime de Philippe Sarde en laissant « Le Choix des armes »au « Beau-Père » lors de votre voyage dans « Le Train »pour « Fort Saganne » (je sais que ce procédé est facile mais je n’arrive pas à me remettre de « Calmos ».

Yann Moreau