de Elliot Goldenthal
(Sony Classical)
Elliot Goldenthal est un musicien à part à Hollywood. Car depuis plus d’une dizaine d’années, il fait son petit bonhomme de chemin. Quand on ne lui demande pas de faire du Danny Elfman (ce qu’il sait très bien composer. Réécouter donc les B.O. de Demolition Man ou des deux derniers Batman), il laisse exposer au grand jour son sens un sens de l’atmosphère ténébreuse peu commune. Que soit par des chœurs religieux comme pour Alien 3 de David Fincher ou par des expérimentations sur des riffs de guitares saturées pour le Prémonitions de Neil Jordan. C’est donc peu dire que l’œuvre theatro-barbaro-post-ante-MadMax doit beaucoup au sieur Goldenthal. A l’image du film, la richesse anarchique de cet album risque de se créer autant de détracteurs que de passionnés. Mixant percussions militaires lourdes et composition peplumesque, le disque surprend par des effusions poétiques notamment par l’emploi d’un chant tragique enfantin ou par des touches satiriques de jazz à la Pat Metheny. Et là ce produit le miracle : tout reste d’une parfaite et magnifique homogénéité. Une composition qui alterne avec autant de rigueur le classique et les effluves de la musique contemporaine (dans laquelle Goldenthal œuvre de temps en temps. On pense d’ailleurs occasionnellement à Philip Glass) est suffisamment rare pour que vous tentiez ce voyage aussi dépaysant que singulier. La vengeance de Titus n’en sera que plus terrible.
Yann Moreau