THE SCORE

De Howard Shore

(Varese Sarabande)

 

Ce qu’il y a de bien avec Howard Shore, c’est que dans le meilleur des cas, il fournit des compositions en tout point digne d’être estampillées « chef d’œuvres » comme son free-jazzy-oriental-Cronenbergien « Le Festin Nu/The Naked Lunch » et, dans le pire, il fait des scores (vous n’avez pas finit d’avoir droit à cette blague EricetRameziesque!) où il s’autoplagie gentiment restant, par voie de conséquence, largement au dessus de la moyenne des B.O.(s). Eté quand tu nous tiens, nous avons donc ici indéniablement à faire à la seconde option, celle du travail au soleil. En excellent professionnel, notre doué et bon Howard choisit de suivre la ligne de conduite du metteur en scène Frank Oz, c’est à dire rendre hommage au film noir dans un fauteuil roulant certes, mais moelleux et véritablement confortable.

Ainsi, quand le réalisateur préfère cadrer ses plans à travers une lumière tamisée au « Faucon Maltais », le musicien ne prend pas de risque lui non plus et s’en va jazzer. Mais là où n’importe quel tacheron aurait lâché du langoureux impersonnel, Howard Shore se rappelle qu’il est tout de même un sacré auteur avec ses marques de fabrique. Celle qui filtre le plus de ce score est probablement le gout que ce compositeur a pour les boucles musicales au relent Dantesque. J’entend par là qu’au beau milieu d’une structure classique, ici une rythmique omniprésente et syncopée accompagnée d’une trompette crépusculaire, il ajoute quelques gammes d’instruments à vent qui, par l’emphase de leur utilisation, aboutissent à une musique au senteur de petite apocalypse. « The Score » se situe donc dans la mouvance actuelle qui consiste à recycler l’énergie des créations des années 70 - merci Lalo - et à ce petit jeu des ressemblances/différences, on peut dire que Howard Shore est un élève doué. Car, en dépit d’un unique thème exploité, en tong, sur une bonne dizaine de plages... l’album s’écoute avec attention et la joie de constater que la recréation artistique que se s’est offerte toute l’équipe du film est communicative et réparatrice.

Alors Howard, qu’est ce que tu nous prépares? Ne serait-ce pas « Le Seigneur des Anneaux » par hasard?

 

Yann Moreau