STALINGRAD

(Enemy at the gates)

de James Horner

(Sony Music)

 

            Quand on sort de la fresque épico/romantique de John-Jack Annaud, on s’aperçoit rapidement qu’en ce qui concerne la musique, aucun souvenir émerge, preuve qu’elle doit servir à merveille le film. Cependant, quand on écoute seule la B.O chez soi, on remarque la volonté identique que l’auditeur en ai pour son argent, certes plus quantitativement que qualitativement. En effet, le CD est bourré à craquer, puisqu’il pousse sa durée jusqu’à 77 minutes! Déjà, on n’est pas volé. D’autre part, ce fait d’avoir les yeux plus gros que le ventre s’incarne aussi dans l’ordre et la durée des plages. Ainsi, d’ordinaire, une BO garde pour son ultime chapitre un « End title » plutôt long qui reprend, en les enchaînant, tout les thèmes précédents. Ce climax est ici le premier à pointer son nez pendant l’écoute et dure un peu plus de 15 minutes (!) contre 6 pour le dernier. L’ambition affichée semble donc, à l’image du long métrage, de caler le public dans son fauteuil pour ne plus le lâcher jusqu’a la fin. Le problème survient alors avec le choix du musicien. Car si la composition sent le John Williams (de « La Liste de Shindler » aux « Indiana Jones ») comme les plans transpirent le Steven Spielberg, il s’agit en fait de ce bon vieux James Horner qui oeuvre derrière tout ça. Et si Horner a bien un don, c’est celui de faire de l’efficace sans pour étant faire du personnel. Qu’on se souvienne de ses divers photocopiages lors de sa période xylophone/Compagnie Créole pour « 48 heures », « Commando »,... jusqu’a ses dérives celtiques pour « Braveheart » et « Titanic », il a toujours fait du travail consciencieux mais artisanal plutôt qu’artistique.

            Sa dernière « création » en est encore un parfait exemple. Exploitant trois thèmes principaux jusqu’à la corde (il faut les tenir les 1h17), Horner illustre avec professionnalisme la guerre (chants soviétiques et roulement de tambour - original, non? -  pour la position géographique et la justification du titre français), l’histoire d’amour (violons!) et la tension entre les snipers (accord à la Ennio M., sans harmonica). Du bon ouvrage qui, à force de répétition et de redondance, sombre peu à peu dans le gavage intensif auditif (même si pas si désagréable que ça). Une seule solution: fragmenter. Un morceau par jour et ça devrait aller comme en 40...(désolé). James Horner, comme Jean-Jacques Annaud, reste donc un bon « technicien » mais on attend encore le jour où il ne se sentira plus libre.

 

Yann Moreau