LE FABULEUX DESTIN D'AMELIE POULAIN

De Yann Tiersen

(Labels)

 

On sait que l'univers de Jean Pierre Jeunet à beau être esthétiquement des plus réussis, il n'en demeure pas moins d'une authentique froideur. Le choix du compositeur apparaît alors comme d'autant plus important qu'il a la fonction, à des degrés variables, de l'humaniser. Après Angelo  Badalementi pour "La cité des enfants perdus", John Frizell pour le nullissime "Alien 4", voici venir Yann Tiersen qui charme la belle Amélie. Et force est reconnaître qu'il est beaucoup plus à sa place que ses prédécesseurs. D'ailleurs, impossible de se tromper : en voyant le film, les rares moments où se dégagent une vraie émotion sont tout naturellement ceux accompagnés par la musique. Une musique tout en nostalgie, en regret mais aussi en joie en/volée. Par une orchestration qui marche (trop?) souvent sur les traces baroques mais intimistes de Michael Nyman, le lyrisme de ces ritournelles parle au cœur. Cependant, on n'a beau marcher, on peut reconnaître que quelque chose coince. Car, par exemple, employer un accordéon pour un film qui se déroule dans le plus français des quartiers de France, Montmartre, ça sent le déjà entendu. A l'instar des images qui sentent bon l'ersatz, un peu raté, de Patrice Leconte (genre "La Fille sur le pont" ou "Le Mari de la coiffeuse" dont la musique était, Ô hasard qu'en tu nous tiens, de Nyman), l'album de Yann Tiersen respire la fraicheur mais est, au bout du compte, d'une fausse originalité. D'ailleurs, le fait que la plupart des morceaux proviennent d'anciens CD de l'artiste n'est-il déjà pas une entreprise de récupération?

 

Yann Moreau