HIJACK STORIES

(Virgin)

 

« Hijack Stories », le film, nous montre la confrontation de deux mondes, celui policé et superficiellement agréable des quartiers riches et blancs contre celui des banlieues démunies et dures. « Hijack Stories », la.B.O., est une représentation fidèle de la rencontre de ces deux univers radicalement opposés et mixe deux concepts musicaux qui s’entrelacent avec une belle complémentarité.

L’album commence par deux morceaux tendance rap qui installent sans détour une atmosphère moite et lourde qui vous colle à la peau telle une chemise « transpireuse ». Les samples synthétiques et entêtants sortent en boucle, semblable à un lion qui tourne en rond dans sa cage, et rendent palpable un malaise qui annonce une hypothétique explosion de violente fureur. Minimalistes mais d’un redoutable impact, ces introductions à Soweto aiguisent notre attention pour la suite.

Et c’est là qu’intervient subitement les rythmes « dance » et festifs d’une douzaine de chansons qui, si elles ne sont pas forcement des perles musicales, nous exposent un pan de culture africaine qui n’en est pas moins digne d’intérêt : le Kwaïto. Démontrant une certaine tendance à conserver l’emploi des voix humaines dans un genre qui privilégie la transformation informatisée à outrance, ces plages offrent à l’auditeur un large éventail de créations qui dénotent, par leur ton enjouées, l’influence de la mode mondiale du politiquement correct avalant un environnement plus que le respectant réellement.

En guise de conclusion provisoire, l’album nous replonge dans l’univers poisseux du début grâce à des morceaux majoritairement instrumentaux et hypnotiques, ténébreux et mélancoliques. Une manière de nous dire que quoi que nous fassions (ou écoutions), nous ne pouvons échapper à l’emprise du monde dans lequel nous évoluons.

Yann Moreau