EVOLUTION

De John Powell

(Varèse Sarabande)

 

Blockbuster de Science-Fiction comique lorgnant de ses trois yeux sur "Man In Black", "Evolution" ne pouvait décemment pas éviter d'avoir une musique sous influence. La première des raisons est que lorsqu'on fait une parodie d'un genre pré-existant on emprunte des éléments pour les travestir à sa façon. Deuxièmement, John Powell est un élève de l'école Mediaventure dirigée par le Richard Cleiderman de la B.O, Hans Zimmer.

Aurions nous été mauvaises langues? Et bien…non! Car des les premiers morceaux, on sent un désir flagrant de rappeler les compositions de Danny Elfman, responsable de celle de "MIB". Le hasard fait bien les choses ou alors Claude Lelouch est dans le coup. Mélangeant envolées orchestrales lyriques et frénétiques à la "Batman" avec des passages bizarrement emprunts d'une douce mélancolie type "Beetlejuice" (et vice versa), les plages se succèdent à un train d'enfer.  Elles prouvent que la vitesse d'exécution provoque un genre de persistance auditive empêchant la réflexion, ici largement superflue.

La seconde inspiration illustre le coté campagnard du long métrage. Rythme désinvolte ou battement country satirique, tout est présent pour nous rappeler les grandes entendues désertiques et les bars enfumés où on se saoule à la bière chaude et émoussée, si j'ose dire. Thomas Newman, auteur de la musique d"American Beauty" (qu'il répétait depuis une bonne dizaine de film d'ailleurs), semble ici avoir été la source principale des accords de Powell.

Mais, ne prenez pas peur, car l'album se laisse très bien écouter. Bon, c'est vrai qu'il faut faire l'effort de comprendre que nous sommes en présence d'une BO de comédie; c'est à dire soulignant les images. Donc, une fois passée le coté "illustration sonore", on peut sans problème constater que John Powell est un pilleur de talent. D'une part, son travail est souvent beaucoup plus léger que certains de ses albums "sources". D'autre part, on n'est quand même un peu étonné de voir que Mediaventure, jusqu'ici usine à musiciens handicapés avec deux mains gauches munies exclusivement de pouces, accouche enfin d'une personnalité un peu plus modeste pour ne pas dire humaine.

Apres son très agréable apport sur "Chicken Run", "Evolution" sonne comme une recréation aussi bien pour le musicien que pour l'auditeur. Parfait pour les vacances.

 

Yann Moreau