HANNIBAL

de Hans Zimmer

(Decca/Universal)

 

            « Hannibal » n’ayant autant rien à voir stylistiquement avec « le Silence des Agneaux » que ce dernier avec le film où apparut, pour la première fois, Le Dr.Lecter, « le Sixième sens » (de Michael Mann-1986), le choix de Hans Zimmer pour succéder à Howard Shore et aux Reeds paraissait inquiétant en même temps que délibérément cohérent. Inquiétant, car le sieur Zimmer a la fâcheuse tendance (oui, c’est le mot), dans 99% des cas, de pomper la musique du jeu préhistorique « Pacman » en guise de B.O. En effet, lorsque nos pauvres oreilles se remémorent douloureusement les cacophonies Bontempiesques de « The Rock », « Mission:Impossible 2 » ou même de « Gladiator » (où seule Lisa Gerrar sauvait les meubles) une sérieuse envie de gerber monte tout naturellement aux lèvres. Zimmer, c’est mieux que le café salé!

            Mais il arrive parfois que ce monsieur défie la logique humaine et ponde d’authentiques chef-d’œuvres musicaux. Pour l’instant, on conservait juste un souvenir ineffaçable de la B.O. de « La Ligne Rouge », sommet de sa carrière artistique (en dépit du bide public). Il faudra désormais compté sur celle d’« Hannibal ». Car cela fait longtemps que l’on avait pas entendu une suite de morceaux aussi homogène, envoûtante, suave et belle. Collant à la vision de Rydley Scott (qui s’est enfin réveillé d’une bonne décennie d’hibernation créatrice), Hans Zimmer décide de joué sur les notions d’attirance/répulsion en accentuant volontairement la première. L’auditeur, en écoutant l’album, pénètre alors dans l’esprit torturé mais indéniablement séduisant du Cannibale. L’intelligence de l’écriture frappe ainsi dés les premières notes où des chants féminins, qui semblent poussés par de sirènes destinées à nous perdre, se mêlent à de mélodramatiques violons et à une inquiétante ritournelle au piano. Grâce à ce subtile mélange de romantisme classique et d’angoisse diffue, Zimmer prouve qu’il peut être un grand (et non un ordinatan comme nous en avons l’habitude). La suite du CD alterne pour notre plus grande joie, pièce classique par Glen Gould, opéra ou compositions originales toutes aussi magnifiques, pour nous laisser, 50 minutes plus tard, sous le charme vénéneux d’Hannibal. Hypnotisé, l’envie d’appuyer, à nouveau, sur « Lecture » pour découvrir se qui se cache derrière ses notes grandit peu à peu. « Lecture »...

 

Yann Moreau