THE WAY OF THE
GUN
de Christopher McQuarrie
Avec Benicio Del Toro, Ryan Philippe, James Caan,
Juliette Lewis, Geoffrey Lewis
Directeur de la photographie : Dick Pope
Musique fabuleuse de Joe Kraemer
Genre: Le retour de La Horde sauvage
USA - 1h59 - 2000 - Distribué en DVD par Film Office
Sortie fin Aout
The way of influence
Pour
son premier film en tant que réalisateur, Christopher McQuarrie,
le scénariste de Usual
Suspect, lance sur les écrans un authentique coup de maître. Loin de
plagier l’univers froid et esthétisant de son acolyte Bryan Singer, il renoue
avec les westerns et les polars crépusculaires des années 70 en les transposant
à notre époque. S’il en utilise tous les codes/clichés (antihéros immoraux,
personnages originaux, intrigue linéaire, final âpre,...), c’est uniquement
pour composer un film somme finalement hors du temps.
En
effet, quand on voit The Way of the Gun, les images sèches et violentes des
oeuvres de Sam Peckinpah, Ted Post (pour Pendez les haut et court), Don Siegel,
Michael Ritchie avec son sous-estimé Carnage/Prime
Cut (Lee Marvin traque Gene Hackman qui a transformé
l’un de ses collègues en chair à saucisse. A redécouvrir d’urgence) et même
John Carpenter (pour Assaut) trouvent
un admirable écho dans ce chantage à la progéniture. La mise en scène directe
et ultra maîtrisée (sens du cadre et de l’espace proprement brillant) de McQuarrie, ne cherchant jamais à être virtuose, verse
naturellement dans un réalisme parfois très éprouvant (les gunfights
sont parmis les plus violents et les mieux filmés
qu’on ai vus dans un film américain). L’hommage à La Horde sauvage et à son metteur en scène se dissimule donc plus
dans le ton crépusculaire et cynique, d’une noirceur proche du néant, que dans
la réalisation. Epoustouflant.
D’autre
part, tous les acteurs ont semble-il adhérés au jeu de massacre car tous jouent
de leur physique pour provoquer à la fois la sympathie (Détresse et respect. Cf.la scène où James Caan en
tueur vieillissant parle avec sa future cible de sa condition sursitaire) et la
crainte (rien ni personne ne les arrêteront pour atteindre leur but). Même Ryan
Philippe, acteur pourtant souvent fade, dégage un certain charisme dans un
registre de flingueur taciturne proche du Snake Plisken de New-York 1997/Los
Angeles 2013. Seule Juliette Lewis est susceptible d’énerver avec un rôle,
il est vrai, difficile de femme enceinte, toute en démarche de sumo et en
respiration haletante.
Une Symphonie
de la violence
Enfin
dernière chose et pas des moindres: la musique. De mémoire, cela fait une
éternité que je n’avais trouvé la B.O. (édition Milan - 62min) d’un film
véritablement essentielle à l’atmosphère. Joe Kraemer à tout simplement réussit l’exploit de pondre une
composition qui se classe sans mal à la hauteur de celle qui l’a inspiré, à
savoir du John Williams type Black Sunday,
du John Barry genre Ipcress/Au Service secret de sa majesté, le
Lalo Schifrin de L’Inspecteur
Harry,...en bref, tous les trésors des années 70. C’est bien simple, la
musique, rigide comme une corde à piano, est responsable pour au moins 60% de
la complète réussite du film, a véritablement assimiler toutes les influences
du sujet, qu’elles soient le Western, le polar ou le film d’aventure. A croire
que le CD qui risque de tourner longtemps sur vos lecteurs est une gravure de
plomb sur du sable méxicain! Joe
Kraemer...une révélation ? Affirmatif.
Film Office qui commence à comprendre l’avantage de
fournir des suppléments aux acheteurs, a gentiment rajouté un commentaire
audio, sous titré, du réalisateur et du musicien. L’idée est excellente car il
faut bien reconnaître que les deux larrons semblent aussi complémentaires
qu’inséparables. Cependant si McQuarrie est plus que
bavard sur ses intentions et ses références, il n’arrete
pas de couper la parole au compositeur qui tente d’en placer une de temps à
autre. Tout de même largement instructif sur l’évolution du projet, ce
commentaire reste donc un petit bonheur pour les fans du film.
En guise de conclusion, l’éditeur a parsemé son DVD
de quelques interviews et un making off. Une sortie
vidéo sérieuse, au diapason de l’efficacité que dégage The Way of the Gun. Si vous regrettez les
films de genre, sans concessions, que le cinéma américain nous a donné dans les
seventies, ne laissez-passer sous aucun prétexte ce petit bijou qu’est The Way of The Gun
(ou parole, je vous force à regarder les derniers John Badham
et Rush Hour,
le tout en boucle).
Note 5/6
Note DVD 4,5/6
Yann Payback Moreau