HANNIBAL

De Ridley Scott 

Scénario de David Mamet (!) et Steven Zillian

D’après le roman Thomas Harris

Musique de Hans Zimmer

Avec Anthony Hopkins, Julianne Moore, Ray Liotta, Gary Oldman

Genre : film d’amour, de suspense et d’épouvante savoureux

USA-2h05 –2001

Distribué en DVD par GCTHV

Sortie fin Août 2001

 

            Dix années ont passé depuis que le docteur Lecter s’est échappé de son asile. Retiré à Florence, il coule des jours paisibles. Mais sa nouvelle existence va être bouleversée le jour où une de ses anciennes victimes (qu’il a tailladé) décide de le retrouver pour se venger. Ce nouveau commanditaire met donc Clarice Starling sur la piste du cannibale. Mais, un flic italien, intéressé par la récompense offerte, préfère opérer seul et en toute illégalité pour livrer Lecter.

 

« Hannibal » représente la superbe réponse à une double attente. Que ce soit pour Ridley Scott dont on n’attendait plus vraiment une vrai bon long-métrage (reconnaissons que « Gladiator » était bien mais loin du chef d’œuvre que certains ont bien voulu y voir) ou pour l’hypothétique séquelle du « Silence des Agneaux » dont on redoutait qu’elle soit une authentique série Z. Mais il faut être honnête, cette troisième aventure cinématographique du Dr.Lecter est aussi la plus originale. Car bien que ne surpassant pas le premier film dans lequel il apparaît (le fabuleux « Le Sixieme Sens/Manhunter » de Michael Mann.1986), Il est clair que « Hannibal » remplit haut la main son contrat avec le spectateur avide d’émotion fortes. Car, aidé par un magnifique scénario d’une complexité et d’une intelligence rare, Scott renoue avec une esthétique qui sert l’histoire et les comédiens (tous en pleine(s) forme(s)). Le public ne si est pas trompé en faisant du film un véritable triomphe (2,5 millions d’entrés en France).

            Utilisant son habileté picturale, héritée de la publicité, pour transformer les actes les plus répréhensibles (assassinats, séquence grand guignol, déviance sexuelle) en moment envoûtant et souvent emprunt d’un humour très noir, le réalisateur de « Alien » offre à l’œil un véritable ballet de sentiments ambiguës. Pour corroborer cette notion, tous les acteurs fonctionnent donc sur un double registre qui pousse à son paroxysme le syndrome de l’attirance/ répulsion. « Hannibal », le film, devient alors une représentation pelliculée du cannibalisme. Chacun se nourrissant de l’autre dans un acte hanté par une sensation d’amour sacrificielle (cf.la relation Starling/Lecter) plus que de haine. Et nous spectateur, quel délicieux festin joyeusement épicé nous propose le subversif et provocateur Hannibal. Nul doute que vous en ressortirez rassasié et heureux d’avoir goûté à l’interdit.

 

Bonus DVD :

 

A film de gastronome, suplements gargantuesques!

Pour la sortie DVD de « Hannibal », Ridley Scott, en perfectionniste suprême, nous a en effet concocter une édition spéciale aussi belle que celle, déjà mythique, de « Gladiator ». D’une qualité d’image et de son tout simplement éblouissante, ce DVD comblera toutes vos attentes. Jugez plutôt:

 

Sur le premier disque, on a donc le film mais aussi un commentaire audio sous titré (en français et en anglais!) du réalisateur. Si ce dernier ne fait bien souvent qu’expliquer ce que l’on voit à l’image, on  apprend de temps à autre les multiples références qui enrichissent le récit. En témoigne, le passage où il nous fait un véritable cour sur le parfum, utilisé dans la lettre envoyée par Hannibal. Apres ça, vous pourrez largement frimer dans les soirées mondaines.

 

Cependant c’est avec le second disque que viennent les plats les plus appétissants.

 

- Un long documentaire (1h20) qui détaille, de l’idée du roman à la sortie du film, l’itinéraire d’Hannibal. Même si le côté promo est encore assez présent, on se délecte de voir les réactions de dégoût, à la scène du repas, du tout Hollywood lors de la première du film (caméra planquée dans la salle à l’appui).

 

- 35 minutes de scènes coupées avec une flippante séquence de visite dans l’asile, désormais fermé, du « Silence des agneaux ». La fin alternative est une version soft de celle existante et prouve que Scott a obtenu toute la liberté désirée. On découvre aussi une sous intrigue  passionnante concernant un serial killer nommé « Il Monstro » sévissant en Italie. Seul regret de cette partie, le commentaire de Scott n’est pas sous titré. Mais bon, des scènes coupées de cette tenue rachète sans mal ce défaut.

 

- 700 photos ou affiches dont certaines de toutes beautés.

 

- L’analyse en multi-angles de la séquence de la fusillade.

 

- L’analyse en multi-angles du générique de début.

 

Ouf! Si tout cela n’etait pas aussi fin, on frôlerait allégrement l’indigestion.

Si vous voulez dîner dans un restaurant quatre étoiles, foncez chez ce Hannibal qui s’occupe à la perfection des clients à son goût.

 

Note film : 5/6

Note DVD: 5,5/6

 

Yann Moreau