THE PLEDGE

de Hans Zimmer et Klaus Badelt

(Milan)

 

 

Mais qu’arrive t-il à Hans Zimmer ? Lui qui nous avait habitué à un déluge d’orchestration synthétique pourrave et barbante, ne voila-t-il pas qu’il sort, la même année, deux chef-d’œuvres d’une finesse que seul un sourd aurait put déceler chez lui. Car après la BO à pleurer de joie du Hannibal de Rydley Scott, reconnaissons que les ambiances troubles lui réussissent beaucoup mieux que les bourrinages pyrotechniques chers à Jerry Bruckheimer (au hasard l’inconcevablement inécoutable The Rock).

Afin de plonger l’auditeur dans les tourments intimistes de l’univers bucolique et terrifiant de Sean Penn, l’ex-bûcheron allemand a fait appel à un compatriote, Klaus Badelt, et surtout à Michael Brook. Inutile de dire que l’influence de ce dernier est palpable derrière chaque note tant les BO(s) de Albino Alligator et de Affliction ressemblent comme deux gouttes de sang à celle de The Pledge. Même goût pour la lenteur, même choix d’une parfaite homogénéité entre les accords ultra lyrique à la Ennio Morricone et les sonorités contemporaines genre Brian Eno.

Au final, se mêlent, dans nos esprits hantés par la folie de Jack Nicholson, une chaleureuse impression de douceur à celle d’une menace aussi sournoise qu’irrémédiable...en bref une musique d’exception (pour Hans comme pour nous) pour un film qui n’en est pas moins une.

 

Yann Moreau