A.I.
de John Williams
(Warner Sunset)
Inutile
de s’étendre sur la relation antédiluvienne qui existe entre Steven Spielberg
et John Carpenter. Parfait alter ego du cinéaste, le musicien multi-oscarisé a toujours réussit à retranscrire le mélange
des grosses machineries hollywoodiennes avec l’évidente et touchante naïveté du
cinéma du barbu à casquette.
Comme
A.I. était un projet bâtard (Kubrick
= Spielberg ? ), on ne savait pas de quel côté le grand John allait faire
pencher la balance de ses compositions. Et c’est donc avec étonnement que l’on
peut se rendre compte qu’il a préféré chercher l’osmose, bancale mais payante,
entre les deux plutôt que de s’établir dans un registre précis. Grand bien lui
en fasse car cela fait un moment que Williams ne s’etait pas autant remis en
question. Optant pour une approche typique de la musique contemporaine
répétitive et cristalline à la Philip Glass ( Itaipu n’est vraiment pas loin),
les compos de A.I. donnent le
vertige. Et ce qu’il y a de plus marquant, c’est les infimes touches d’émotions
Spielbergiennes qui s’immisce avec une rare
délicatesse au sein des flots musicaux sombrissimes,
probablement hérité de l’univers Kubrickien.
Là
où on attendait, avec mauvaise foi, un album ronflant des thèmes mièvres, on
tombe sur une B.O. homogène, d’une pureté renversante, de celle qui touche
directement au cœur.
Même les deux chansons de Lara Fabian
sont presque écoutables, c’est dire.
Yann Moreau