De Ridley Scott
Scénario de David Mamet (!) et Steven Zillian
D’après le roman Thomas Harris
Musique de Hans Zimmer
Avec Anthony Hopkins, Julianne Moore, Ray Liotta, Gary Oldman
Genre : film d’amour, de suspense et d’épouvante savoureux
USA-2h05 –2001
Distribué par UIP
Sortie le 28/02/2001
Dix années ont passé depuis que le docteur Lecter s’est échappé de son asile. Retiré à Florence, il coule des jours paisibles. Mais sa nouvelle existence va être bouleversée le jour où une de ses anciennes victimes (qu’il a tailladé) décide de le retrouver pour se venger. Ce nouveau commanditaire met donc Clarice Starling sur la piste du cannibale. Mais, un flic italien, intéressé par la récompense offerte, préfère opérer seul et en toute illégalité pour livrer Lecter.
Hannibal représente la réponse à une double attente : ce film est une réussite. Que ce soit pour Ridley Scott dont on n’attendait plus vraiment une vrai bon long-métrage (reconnaissons que Gladiator était bien mais loin du chef d’œuvre que certain ont bien voulu y voir) ou pour l’hypothétique séquelle du Silence des Agneaux dont on redoutait qu’elle soit une authentique série Z. Mais il faut être honnête, cette troisième aventure cinématographique du Dr.Lecter est aussi la plus originale. Car bien que ne surpassant pas le premier film dans lequel il apparaît (le fabuleux Le Sixieme Sens/Manhunter de Michael Mann.1986), Il est clair que Hannibal remplit haut la main son contrat avec le spectateur avide d’émotion fortes. Car, aidé par un magnifique scénario d’une complexité et d’une intelligence fort rare, Scott renoue avec une esthétique qui sert l’histoire et les comédiens (tous en pleine(s) forme(s)). Utilisant son habileté picturale, héritée de la publicité, pour transformer les actes les plus répréhensibles (assassinats, séquence grand guignol, déviance sexuelle) en moment envoûtant et souvent emprunt d’un humour très noir, le réalisateur de Alien offre à l’œil un véritable ballet de sentiments ambiguës. Pour corroborer cette notion, tous les acteurs fonctionnent donc sur un double registre qui pousse à son paroxysme le syndrome de l’attirance/ répulsion. Hannibal, le film, devient alors une représentation pelliculée du cannibalisme. Chacun se nourrissant de l’autre dans un acte hanté par une sensation d’amour sacrificielle (cf.la relation Starling/Lecter) plus que de haine. Et nous spectateur, quel delicieux festin joyeusement épicé nous propose le subversif et provocateur Hannibal. Nul doute que vous en ressortirez rassasié et heureux d’avoir goûté à l’interdit.
Note 5/6
Yann Cinéphage Ferox Moreau