De Steven Soderbergh
Avec Benicio Del Toro, Michael Douglas, Catherine Zeta-Jones, Dennis Quaid,
Musique : Cliff Martinez
Genre : Amerique Connection
USA- 2h30 – 2000
Sortie le 7/03/2001
Pendant qu’un flic tente de démanteler un trafic de drogue en Amérique latine, un gouverneur tente de lancer un programme anti-drogue. Prise entre ces deux mondes une mère de famille dont le mari, trafiquant, doit de l’argent au revendeur et décide de reprendre les opérations pour survivre.
Après Erin Brokconvitchchch, on pensait Soderbergh en mauvaise posture pour conserver son indépendance. Trafic arrive donc à point pour nous prouver que le cultissime réalisateur de L’Anglais et de Kafka à gardé son habileté à se renouveler sans cesse. Fondé sur un scénario que n’aurait pas renié Lelouch si le polar l’avait intéressé, Trafic est l’exemple type du film que la plupart des cinéastes aurait raté. Car l’équilibre entre les personnages (dont les acteurs donnent une dimension humaine proche de la perfection. Mention spéciale à Catherine Zeta-Jones et Michael Douglas) est si infime qu’il faut obligatoirement une vraie personnalité pour dompter un récit de cette envergure. Montrer la progression d’un trafic de drogue à travers trois points de vue et à trois endroits différents demande, en effet, une rigueur que peu assumerait. Et force est de reconnaître que Soderbergh est de ceux là. Car bien qu’il n’évite pas certaines facilités (filtre jaune pisse granuleux = Mexique ; filtre bleu glacial =Amérique du pouvoir. Ou bien la description des jeunes bourges et une fin un peu trop démago), ce film fleuve captive de bout en bout et révèle même des morceaux de bravoure là où ne les attendait pas (le discours de Michael Douglas). On est vraiment heureux de voir que le cinéma Hollywoodien a la courage de produire des films aussi ambitieux en même temps que paradoxalement intimistes. Et bien que l’on sente parfois un peu le véhicule à Oscar qu’il peut être, on n’est quand même loin des daubes insipides comme Shakespeare in Love. Sans être un chef d’œuvre, Trafic confirme tout le bien que l’on pensait de Soderbergh. Un homme capable de prendre un film de commande pour le transformer en film de cinéma assez intelligent et divertissant pour réconcilier les fans d’art et essais et le public du samedi soir.
Note 4/6
Yann Popeye Moreau