De Asia Argento
Avec Asia Argento, Daria Nicolodi, Jean Shepard, Vema Gemma, Luce Caponegro Selen
Musique de John Hugues ( ! ! ?)
Directeur de la photographie Frederic Fasano
Genre : mise a nue
Italie – 1h30 – 2000
Distribué par Mondo films
Sortie le 24 janvier 2001
Anna Battista est une jeune actrice qui assume mal son nouveau statut de star du cinéma. Dans l’univers impitoyable du septième art, elle tente de vaincre sa solitude par le sexe, la drogue et la rébellion. Cette descente aux enfers aura-t-elle raison de la jeune fille en détresse ?
Rescapée du tenancier Abel Ferrara et de son New Rose Hotel de sinistre mémoire, la jeune prodige du cinéma transalpin, Asia Argento, s’essaie à la réalisation avec Scarlet Diva. La où le sujet nous faisait redouter un ersatz du père de The Bad Lieutenant (univers nocturne poudré jusqu’au nez , à la vie, à la mort), Cette jeune femme que nous avions admiré dans les films de son père, Dario Argento (The Stendhal Syndrome, Trauma), surprend agréablement.
D’une part, le filmage en caméra numérique n’augurait rien de bon en ces temps de dogme de pacotille (Lovers). En depit de la tentation de ressembler à un documentaire, les gènes familiales et transalpines ressortent bien souvent au grand jour. Etonnés que nous sommes de voir des scènes entières éclairées à la Inferno/Suspiria (vert, rouge, bleu), l’esthétisme du giallo sert de références à quelques moments de pures cinématographies. S’éloignant alors de son postulat de départ par ces digressions picturales, Asia prouve sa volonté de donner à son public un authentique film de cinéma.
D’autre part, à la différence de Ferrara qui paraît malgré tout être sa source d’inspiration majeure, Asia Argento injecte a ses personnages un humanisme qui les éloigne du statut emblématique redemptoire cher à l’artiste new yorkais le plus bourré du monde (souvenez vous sa montée/rampée des marches à Cannes, pour Body Snatchers). Grâce à cette notion, elle rend ses personnages sympathiques et surtout vivants. Nous n’assistons donc pas a un « défilé de marginaux choquant le bourgeois », mais bien à l’élaboration d’un entourage plausible pour le personnage principal.
A ce propos, certains pourront taxer Asia Argento d’être profondément égocentrique en même temps que narcissique lorsqu’elle se confie le premier rôle. Cependant, en voyant Scarlet Diva, on se rend bien vite compte que si le côté autobiographique est sans aucun doute présent, c’est uniquement pour nous montrer la profonde solitude que provoque et demande le métier d’actrice. Alors que l’on pouvait craindre, à juste titre, un simple étalage de vie privée, nous sommes amené à comprendre les véritables raisons de la déstructuration de la vie d’artiste. Dans le milieu de l’image, il semble tout simplement que tout ne soit qu’apparence. Ici réside, tout le danger pour une jeune adolescente normalement naïve et peu préparé à l’hypocrisie à l’époque de ses débuts.
En signant Scarlet Diva, Asia Argento prouve qu’en plus d’être une des meilleures actrices de la planète (ici au maximum de son art), elle est capable de nous en expliquer, avec talent, les risques. Beau début.
A quand la suite ?
Note 4/6
Yann Moreau