De Darren Aronofski
D’après Hubert Selby Jr
Avec Jared Leto, Jennifer miam-miam Connely, Marlon Wayans, Ellen Burstin
Musique hallucinante de Clint Mansell et The Kronos Quartet
Genre : Cauchemar talentueux
USA- 1h50 – 2000
Distribué par Sagittaire
Sortie le 21/03/2001
Une bande de jeunes paumés se droguent. Tout se déroule bien jusqu’au jour où une pénurie de came déstabilise ce beau monde. Et le fait que la mère de l’un d’entre eux, en attente d’un hypothétique passage à la télévision, devient dépendante des traitements de régime, n’arrange rien. Mais tout ceci n’est que le début d’une descente aux enfers.
Il y a 3 ans, un petit film indépendant gagnait une multitude de prix en même temps qu’un statut culte. Son titre : Pi. Son scénariste et réalisateur : Darren Aronofski. En devenant un auteur adulé d’une poignée de personnes, ce dernier s’est créé autant de détracteurs fanatiques. Cependant, là où les expérimentions de son premier film donnaient souvent mal au crâne (bien que je pense du bien de ce premier essai), le second opus risque de conforter les deux camps adverses. Car avec Requiem for a dream, Aronofski se sert de toute son artillerie, en la poussant à son paroxysme, pour nous faire ressentir la même chose que les personnages. Apparemment ça ne plait pas à tout le monde (des gens sortaient en criant à la daube filmique).
Etant une œuvre qui se vit autant qu’elle se regarde, moi je vous dirais que j’en suis ressortis sur les genoux, les larmes aux yeux (non par tristesse mais par expulsion d’un trop plein de sensations fortes) et avec l’estomac noué comme après un grand choc. En bref, j’ai marché à fond. Et pourtant, c’est vrai qu’au début les effets de style quasi incessants demandent un travail d’accoutumance. Mais, par la suite, c’est sans conteste eux qui nous permettent de vivre l’enfer. Un enfer en tout point maîtrisé par le cinéaste qui s’impose comme un équivalent maladif de Scorsese ou de Paul Thomas Anderson. L’art du cadrage additionné à un montage crescendo ahurissant permet à ce film de nous toucher viscéralement. N’oublions pas la musique qui mélange génialement des rythmes industriels à une partition dramatique jouée par les violons du Kronos Quartet. Avec elle, les images, déjà fortes, explosent littéralement les sens. Si vous avez le courage de tenter ce voyage qui s’apparente à une version tragique de Tueurs Nés, venez (sur)vivre ce Requiem.
Plus qu’un film : une expérience limite.
Note 6/6
Yann Moreau
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