PITCH BLACK


Réalisé par David Twohy

Scénario de David Twohy, Jim et Ken Wheat

Avec Vin Diesel, Radha Mitchell, Cole Hauser, Keith David,...

Directeur de la photographie: David Eggby

Musique: Graeme Revell

Montage : Rick Shaine

USA - 108 minutes - 1999

Sortie le 19/07/2000 - Distribué par UIP


Un vaisseau spatial s’écrase, après avoir été heurté par un nuage de météorites, sur une planète déserte où trois soleils empêchent la nuit de tomber. Cependant, l’angoisse débute lorsque les survivants découvrent que des créatures, carnivores et ne pouvant vivrent à la lumière, hantent les souterrains et attendent patiemment la prochaine éclipse.


Alors que nous pouvions nous attendre à une version pauvre du Starship Troopers de Paul Verhoeven, ce nouvel opus science fictionnesque tire toute sa force et sa précieuse originalité du traitement que lui impose son talentueux réalisateur David Twohy. Après avoir tourné deux sympathiques séries B (Timescape mais surtout The Arrival), ce cinéaste trop rare se sert très judicieusement d’une mise en scène minimaliste, accompagnée d’une très belle photographie, qui exploite, à l’aide de filtres orangés, parfaitement l’ambiance caniculaire puis les ténèbres de ses décors surréalistes (squelettes d’animaux gigantesques, cheminées naturelles servant de sortie aux créatures,...).

Bien qu’il ait été financé par un studio américain, Pitch Black révèle pendant toute sa durée les origines de son équipe technique venue d’Australie, continent qui, il y a une vingtaine d’année, nous donnait un cinéma privilégiant l’ambiance lourde des étendues désertiques à la vie urbaine. Il en résulte une œuvre hybride mais saisissante située entre les premiers films ésotériques de Peter Weir tel que Pique nique à Hanging Rock, Mad Max 2 de George Miller et Alien de l’Anglais Ridley Scott.

L’oppressante atmosphère entretenue par un montage pourtant sec et primant sur la majorité du récit, les scènes d’attaques n’en apparaissent que plus violentes et inattendues, renforçant alors la peur enfantine du noir que l’on retrouve face à cette nuit qui occupe, dans un magnifique cinémascope, l’écran mais aussi, ne l’oublions pas, toute la salle dans laquelle le public se trouve.

De plus, la création des monstres ailés ayant été confiée à Patrick Tatopoulos (Godzilla, Darkcity,...), le spectateur se retrouve face à des sortes d’oiseaux préhistoriques tout à fait réalistes dont l’animation, d’une rapidité éblouissante, constitue un des plus beaux fleurons du genre. La férocité avec laquelle ils donnent l’assaut sur une victime, avant de la décapité, donne froid dans le dos.

Enfin, le choix d’interprètes quasi inconnus (à part ce bon vieux David Keith) aide à rendre le moindre personnage imprévisible et, par conséquent, plus consistant. Les héros du film ne sont donc jamais véritablement cernés par le public dans la mesure où chacun porte en lui une part sombre qui, dans la panique et l’horreur, peut entraîner, par surprise, les autres protagonistes dans la mort. La confiance reste alors l’unique moyen de survivre.

Pitch Black se présente donc comme un film intelligent et éprouvant, apportant définitivement la preuve que la série B abrite de précieux cinéastes qui, tout en tournant une œuvre personnelle, n’en oublient pas pour autant de faire plaisir au public. Après Vincenzo Natali et son Cube l’année dernière, David Twohy pourrait bien être la révélation fantastique de l’an 2000.

Pour contrer la chaleur estivale, osez donc vous aventurer dans les profondeurs des salles de votre cinéma afin de savoir si, seul dans votre siège, vous réussirez à percer l’impalpable obscurité de l’écran pour y redécouvrir... la peur.


Note 5


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