L’ETRANGE FESTIVAL (huitième édition)


Au mois d’Août, lorsque la consommation de glace explose sur les plages, que les Parisiens s’enrhument dans la grisaille, un événement vient rompre la monotonie du septième rat...non, art! C’est L’étrange festival qui nous a concocté un programme louchant énormément, à l’aide de son huitième œil, sur celui de Fantasia (Montréal Roch Voisine Québec), c’est à dire très asiatique.

Débutons donc par une des rétrospective, celle consacrée à Takashi Miike, dont je n’ai pu voir que deux films:


- Audition (1999-Japon)


Un quadragénaire, désirant effacer le souvenir du décès de sa femme, tombe amoureux d’une fille qu’il a auditionné pour un film (qui ne se fera pas). Après leur première nuit d’amour, la jeune promise disparaît. L’homme commence alors une enquête qui va le mené, au péril de sa raison et de sa vie, dans un univers de plus en plus glauque.

L’intelligence de Miike est de tromper le public par le ton comédie romantique qui ouvre son œuvre. Ainsi, l’accumulation de détails viscéralement horribles dans le seconde partie nous parait incroyablement violente.

Un film qu’il faut voir absolument, bien que certains (coucou Julien) aient été traumatisés par les scènes finales (pied tranché, homme qui boit du vomi, lecture du scénario de (et en) 60 secondes chrono...).


- Dead or Alive (2000-Japon)


“ L’affrontement dantesque entre un yakusa invincible et un policier hargneux ” dixit la brochure.

Miike aime décidément mélanger les genres. Le film débute et finit par une véritable succession de scènes anthologiques et violentes: règlements de comptes, Gunfight, de défenestrations, lignes de coke (de plus de 4 mètres) snifé d’un seul coup, bras arraché,...Et tout ça réalisé comme du (bon) Sam Raimi. Un authentique dynamitage des règles du polar. Le seul problème est que la partie centrale (qui dure tout de même 1h30) semble plutôt mole à côté. On regrette vraiment que cette œuvre sympathique et très étonnante soit passée si proche de la totale réussite.


Sinon à la mythique nuit Shocking Asia nous avons eu l’immense privilège de découvrir deux chef-d’œuvres:


- Midori de Hiroshi Harada (1992-Japon)


Midori est un manga. Midori nous montre comment une jeune fille s’intègre dans un cirque, auprès d’une troupe de “ freaks ”, pour ensuite devenir l’amante d’un nain magicien qui dort dans une bouteille. Midori est malsain mais aussi profondément émouvant. Midori tire toute sa force d’un traitement proche de la peinture (animation peu courante, tableau,...) qui chamboule tous les repères du spectateur. Midori est beau.


Attention, roulement de tambour:


- The Story of Ricky Ho de Lan Nai Kai (1991- Hong-Kong)


Vous avez toujours rêvé d’une adaptation carcérale de Ken le survivant et bien la voici, elle se nomme Ricky Ho. Tête explosée à mains nuse, mutant passé au hachoir géant,...et la bonne humeur est toujours au rendez vous. Le nanar (qui a parlé d’acteur ?) le plus jouissif et le plus gore du monde attend encore un génie pour le distribuer. Si personne ne se manifeste, j’engage Friedkin pour filmer l’affaire!

Les deux autres films de la nuit n’ont malheureusement pas été aussi incroyables.


Tout d’abord Pain de Eric Khoo (1994-Singapour) n’est qu’un (très) moyen métrage prétentieux qui, à force de vouloir choquer par son côté expérimental (noir et blanc, mutisme de l’interprétation, effets spéciaux pourris,...), ne fait qu’endormir le public. D’ailleurs, tout mes collègues sont subitement tombés dans les bras de Morphée.


Ensuite avec Organ (1996-Japon) de Kei Fujiwara où deux flics font semblant d’enquêter sur un trafic d’organes. Au bout d’un quart d’heure le film part imiter Cronenberg avec des plaies/maquillages verdâtres purulents que les protagonistes ne cessent de presser devant la caméra, dans l’espoir de réveiller le spectateur. Trop long, trop mou, Organ aura quand même provoqué une réaction. Celle du public sifflant les 5 (!) fins successives du film.


Enfin pele mêle et toutes sections confondus:


Le rat (1997/2000-France!) de Christophe Ali et Nicolas Bonilauri.


L’histoire d’un vieux serial killer.

Noir et blanc. Sans paroles. Aussi beau qu’assez peu captivant. A suivre quand même.


Dementia (1955-USA) de John Parker.


Une jeune fille sombre dans la démence criminelle.

Souvenez vous de Carnival of Souls et de son ambiance surréaliste et ténébreuse. Dementia semble avoir été réalisé sous un état d’esprit semblable, c’est dire si découvrir ce film aujourd’hui constitue une authentique surprise. Une rumeur (accentuée par la mise en scène) circule sur l’éventuelle parenté d’Orson Wells à cette œuvre, cela ne nous étonnerait qu’a moitié...


Le Couvent de la bête sacrée (1974-Japon) de Norifumi Suzuki


Une jeune fille entre chez les nonnes pour enquêter sur la mort mystérieuse de sa mère.

Œuvre baroque qui vaut évidement plus pour sa mise en scène que pour son sujet, Le Couvent reste une curiosité. Cependant un point intrigue: une séquence entière illustre, au plan près, la fin de la scène de pendaison du Suspiria de Dario Argento. Les mauvaises langues ont aussitôt faits de conclure que la filmo du grand maître n’est que plagiat. S’il ne fait aucun doute que Argento s’est plus qu’inspiré de ce court passage, force est de reconnaître que sa “ copie ” surpasse l’original. Non mais!


La Neuvième configuration (1980-USA) de William Peter Blatty


Un nouveau psy débarque dans un hôpital...psychiatrique (logique).

Ce film étrange préfigure, avec quinze ans d’avance, les changements de tons de Audition. Pendant les trois quart du métrage, nous assistons, un peu blasé, à une sorte de comédie de mœurs où les gags ressemblent à si méprendre à ceux des charlots (mais en moins subtils). Dans la dernière partie, on voit le psy devenir fou (ce n’est pourtant pas un documentaire) de rage et massacrer des motards, look productions Cannon, qui l’avaient ennuyé. Ceci serait donc une parabole sur notre société. Et bien William, tu étais plus inspiré avec L’exorciste et Légion.


Au sujet de Caligula de Tinto Brass et de La Course à la mort de l’an 2000/Les seigneurs de la route de Paul Bartel, un seul conseil: louez-les toutes affaires cessantes.


Yann Frankenstein Moreau

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